La place des femmes dans le digital

- Publié 23/07/2020 - 09:08, mis à jour à 08/07/2021 - 12:13 Tips

Les femmes dans le numérique, pas une nouveauté !

Elles ont porté certaines des plus grandes avancées du monde informatique et pourtant les femmes sont aujourd’hui sous-représentées dans les métiers du digital. Trop rares sont celles qui tirent leur épingle du jeu tandis que les postes de codeur ou de programmeur ne demandent qu’à être pourvus. Entre stéréotypes, méconnaissance de la filière et barrières sociales, il est temps de mettre fin aux clichés pour permettre aux jeunes filles de découvrir de nouvelles passions et aux femmes d’accéder plus facilement aux postes qui les font rêver, même dans le monde du numérique.

 

La place des femmes dans le digital

 

Si aujourd’hui, les chiffres semblent alarmistes, sachez qu’il n’en a pas toujours été ainsi. Dans les années 70, on ne comptait pas moins de 30 à 40 % de femmes dans les métiers des nouvelles technologies, et pourtant le contexte social était moins propice aux carrières féminines. Dès les années 90, le taux chute pour n’atteindre péniblement que 15 % de femmes exerçant des métiers d’ingénieurs ou liés aux technologies.

Pourtant certaines femmes ont permis des avancées significatives, notamment dans le domaine de l’informatique.


Citons, entre autres Ada Lovelace, fille du poète anglais Lord Byron, qui créa le premier langage informatique appliqué à l’ancêtre de l’ordinateur au milieu du XIXe siècle. Décédée à seulement 36 ans, elle est à ce jour le premier programmateur informatique, tout sexe confondu, de l’Histoire.
Les passionnés connaissent évidemment Grace Hopper, mathématicienne de l’Université de Yale. Elle plancha sur les systèmes de commandes des ordinateurs jusqu’à créer le langage FLOW-MATIC. En 1959, elle le retravaille pour donner naissance à COBOL, un langage de programmation standard toujours utilisé aujourd’hui par les militaires et certaines entreprises aux États-Unis.

 

Les femmes et l’informatique, un problème de stéréotypes

Les femmes ont bien souvent été des pionnières du domaine informatique et pourtant aujourd’hui, elles semblent déserter la filière. Les métiers du digital, du numérique ou au sens plus larges les métiers scientifiques quand ils n’ont pas trait aux animaux, sont dans l’esprit collectif, réservés aux hommes.

De plus, les succès féminins sont également méconnus du grand public. Si tout le monde est capable de lier Steve Jobs, Jeff Bezos ou Bill Gates à leurs entreprises respectives, combien savent qu’une femme se cache derrière le succès de Leetchi ? Vous avez certainement tous utilisé ou remarqué cette petite cagnotte en ligne qui permet de collecter facilement les participations de chacun afin de faire un cadeau commun ou d’organiser un weekend.

L’idée est bel et bien française et féminine ! Céline Lazorthes, passionnée d’internet et ingénieur en informatique, crée la plateforme en 2009 alors qu’elle n’a que 27 ans. Six ans plus tard, elle en cède 86 % au Crédit Mutuel pour la somme de 50 millions d’euros. Elle continue aujourd’hui une carrière couronnée de succès.

 

Le digital, des métiers peu féminisés

Au moment de s’orienter ou de se réorienter, de nombreuses femmes hésitent et se cantonnent à des métiers qui, sur le papier, leur semblent plus réservés. Lorsqu’elles ont une appétence pour les nouvelles technologies, elles se dirigent plus naturellement vers le métier de rédacteur web ou de community manager, fonction qui totalise plus de 66 % de femmes en poste. D’autres chiffres confirment la tendance : seuls 11 % des postes de la cyber sécurité sont occupés par des femmes et seulement 27 % des codeurs sont des codeuses. Dans les hautes fonctions, les DSI des grandes entreprises françaises ne regroupent que 20 % de femmes.

Pourtant le secteur du numérique recrute ! Selon la Commission européenne, 756 000 postes dans le numérique sont ouverts en Europe. En France, on estime que 170 000 à 212 000 postes seront à pourvoir dans le secteur à l’horizon 2022.

Le digital étant un monde de start-up et de nouvelles opportunités, les chiffres de l’entrepreneuriat ne sont pas plus rassurants. Les créateurs d’entreprise du secteur totalisent moins de 10 % de créatrices. En 2017, les dirigeantes en France n’ont levé que 1 500 000 euros contre 3 200 000 euros pour les entreprises menées par des hommes. Il est donc crucial que les femmes ne se privent pas d’opportunités réelles dans un secteur qui leur semble inaccessible. Le manque de visibilité et la pérennité des clichés impactent également les entreprises du digital qui se privent du talent de 50 % de la population.

 

Attirer les femmes vers le monde du numérique

La solution consiste donc à briser les stéréotypes et faire voler en éclat l’image du jeune informaticien à lunettes en rendant le domaine à nouveau attractif pour les femmes et surtout les jeunes filles.
L’égalité entre les hommes et les femmes fait partie des « grandes causes nationales » défendues et au programme du quinquennat du Président Macron. Tous secteurs confondus, seuls 17 % des professions en France sont mixtes.

Le gouvernement a pour ambition de porter ce taux à 30 % à l’horizon 2025 en considérant qu’une profession est mixte lorsque les parts de femmes et d’hommes sont comprises entre 40 et 60 %. Pour se faire, les changements s’opèrent dès les bancs de l’école. Le stage en classe de troisième a désormais pour but de promouvoir les filières techniques et scientifiques auprès des jeunes filles. A un niveau supérieur, le gouvernement a pour objectif de fixer le quota d’étudiantes à 40 % au sein des filières scientifiques de l’Université. En prenant le problème à la racine, des vocations pourraient être plus facilement suscitées et des constructions sociales bousculées.

 

Promouvoir les femmes dans le digital

Outre les ambitions gouvernementales, de nombreuses associations et organisations œuvrent pour l’insertion des femmes au sein du monde du numérique et du digital. Parmi elles, il convient de citer des organisations de renommées mondiales comme Girls Who Code, Girls in Tech, StartHer ou Women’s Forum.

La France n’est pas en reste d’initiative avec, entre autres, la fondation Femmes@Numérique créée en 2018 sous l’égide de La Fondation de France.
L’organisation agit auprès de toutes les cibles pour changer les mentalités en sensibilisant le grand public, en donnant les moyens à l’enseignement supérieur de valoriser les filières peu mixtes, en facilitant l’inclusion des femmes dans les départements IT des entreprises, en obtenant un soutien des pouvoirs publics, en valorisant les actions des associations et enfin en nouant des liens avec des sponsors afin de développer les actions menées. Parmi les mesures concrètes, la Journée de la femme digitale permet de mettre en exergue le travail de certaines, de populariser des métiers peu féminisés et de lever le voile sur une barrière trop peu franchie. En communiquant et en valorisant la réussite de certaines, d’autres pourraient voir leur avenir se dessiner dans le secteur.

Si la mixité dans le monde du numérique n’est pas encore atteinte, de nombreuses actions sont chaque jour mises en place pour permettre de rendre le digital plus accessible aux femmes. Il convient aujourd’hui de combattre les schémas culturels et sociaux erronés qui classent telle ou telle compétence comme « féminine » ou « masculine ». Les stéréotypes peuvent être déjoués dès le plus jeune âge pour continuer de prouver que les femmes ont elles aussi un rôle prépondérant à jouer dans le secteur du digital. Après tout, elles ont déjà fait leurs preuves par le passé !

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